Nos différentes identités
C’est à l’occasion de la création d’une conférence débat sur « le chamboulement de la naissance » que j’ai souhaité vous transmettre quelques éléments sur l’une des facettes de l’épuisement: l’équilibre de nos différentes identités.
Durant ma spécialisation sur le Burnout parental, j’ai découvert cette notion qui m’a amené beaucoup de clarté à la fois sur mon vécu personnel et sur la compréhension de la fatigue de certains parents.
Quel intérêt pour nous ?
Cette notion des multiples identités de l’être humain est précieuse pour sortir de l’épuisement parental, mais également dans la phase de guérison de l’épuisement professionnel.
Les identités multiples non rien à voir avec le « dédoublement de personnalité » fictif des films américains. 😂 C’est, au contraire, une idée qui va sans doute vous être tout à fait familière et logique lorsque vous aurez terminé la lecture de cet article.
De plus je pense que c’est une information précieuse pour prendre conscience d’un élément de stress souvent passé inaperçu dans notre quotidien.
Une manière de considérer l’être humain
Certains psychologues considèrent que l’être humain détient en son psychisme un espace permettant de se sentir « être », c’est à dire sentir que l’on est un individu à part entière.
C’est grâce à lui, par exemple, que l’on se différentie des autres ou que l’on définit notre personnalité. Cet espace se nomme le « soi » ou le « self ».
Le « Soi » serait composé de différentes identités que l’on acquiert depuis la naissance jusqu’à notre mort.
Parmi ses identités on peut retrouver :
- Les identités de genre (femme, homme, transgenre, etc.)
- Les identités liées à nos loisirs (sportifs, artistes…),
- Une identité professionnelle,
- L’identité familiale (parent, mari, femme, enfant,…),
- Une identité d’âge (quarentenaire, génération Y, soixante-huitard, …),
- etc …
Par exemple, mon voisin est un homme (genre), un mari et un père (famille), il est très impliqué dans la préservation de la nature (valeur), il est philatéliste (passion) et marche chaque semaine en montagne (loisir).
Des identités pour se décrire
Pour comprendre qu’elles sont vos identités vous pouvez réfléchir simplement à celles que vous mettez en avant lorsque vous rencontrez de nouvelles personnes.
Très souvent lorsque je me présente je peux dire facilement que je suis une femme, une mère, une psychologue, pratiquant les arts plastiques, etc…
Et vous ? Comment vous présentez-vous ? Quelles identités mettez-vous en avant pour vous décrire auprès d’une personne ?
Lorsque les identités nous définissent
On ne peux pas nous réduire à nos identités, toutefois elles peuvent avoir un impact plus ou moins fort sur nous par le biais de notre environnement.
Ainsi, certaines de nos identités provoquent socialement des attendus qui peuvent soit nous conforter, nous valoriser, soit nous « enfermer ».
Il est souvent question de nos croyances respectives, mais ça c’est un autre sujet (voir cet article).
En fonction d’une identité certains de mes comportements peuvent sembler cohérents ou dissonants.
Par exemple je peux me raconter ou entendre des autres:
- Qu’en tant que mère, je devrais faire passer mes enfants avant tous le reste,
- Qu’en tant que sportive, on peut attendre de moi que mon corps soit athlétique,
- En tant qu’écologiste, que j’aille au travail en vélo,
- …
À l’inverse, qui va s’étonner qu’un représentant de la loi consomme des produits illicites ou que l’on soit passionné de laser-game tout en prônant la non violence depuis des années ?
Le poids du regard que je porte sur ces identités
Comme on vient de le voir, dans le quotidien il est fréquent que je « juge » et que les autres « jugent » mes comportements en fonction de ces différentes identités.
Plusieurs facteurs peuvent alors influer sur moi
- Notamment, plus il y a de bienveillance et d’ouverture dans le regard que l’on porte sur soi et/ou dans le regard que l’autre porte sur moi, plus cela sera doux pour moi de vivre ces identités et les comportement qui y sont liés.
- En revanche le jugement sans bienveillance ou avec des exigences sur soi rendra pesant et enfermant le vécu de ces identités.
- La lourdeur s’accroît si les comportements sont dissonants d’avec nos identités.
Un autre facteur influence le vécu de cet ensemble d’identités
Nous ajoutons et retirons des identités tout au long de notre vie et cela modifie notre équilibre.
L’arrivée d’une nouvelle identité dans le « Soi » va créer un chamboulement.
Par exemple lorsqu’on devient parent ou lorsqu’on obtient un nouveau poste à responsabilité par exemple, les identités qui étaient là avant vont devoir faire de la place à cette nouvelle identité.
Si nous avions un équilibre entre nos loisirs, notre travail, notre vie de famille et amicale, celui-ci va s’en trouver modifié.
Le temps que nous offrions à chacune de ces parties de nous va changer.
Avec ce changement le « Soi » va donc tenter de retrouver un équilibre nouveau.
C’est à dire que l’ensemble va être remanié pour « faire avec » l’identité nouvelle.
On va donc « activer » moins souvent certaines identités pour donner de la place à ce nouveau rôle.
Par exemple, pour vivre ma nouvelle place au sein de l’établissement dans lequel je viens de changer de poste, je vais certainement devoir modifier mes loisirs car mes horaires vont changer.
Je vais peut-être réduire mes temps de lecture ou mon temps personnel car mon rôle va demander de faire mes preuves les premières semaines. Je vais donner plus de place à mon travail.
Ce qui est différent avec notre identité parentale
Il faut noter que l’identité de parent est l’une des rares identités qui prennent autant de place dans le « soi ».
- Les responsabilités de parents sont massives et immédiates à la naissance de l’enfant… de fait, car la santé de l’enfant dépend totalement de nous.
- Le fait que nous ne puissions pas mettre en pause cette identité, ni la rompre (on ne divorce pas de nos enfants ^^), peut donner la sensation de prendre beaucoup de place par rapport à nos autres identités.
Les spécialistes du burn-out parental, Moïra Mikolajczak et Isabelle Roskam, parlent même d’une identité qui « comprime naturellement les autres identités ».
Or pour être épanouis nous avons besoin en tant qu’être humain de nourrir nos différentes facettes.
Le risque est de ne pas retrouver l’équilibre en ayant une seule facette prenant le pas sur les autres.
Par exemple il est fréquent de ressentir de l’insatisfaction dans la vie du couple à l’arrivée d’un enfant. Il tout aussi fréquent de se sentir déstabilisé dans son investissement de parent au départ d’un enfant quittant le domicile pour ses études.
Trouver l’équilibre pour ne pas s’épuiser
- Afin de vivre en harmonie avec nos différentes identités, il est donc important de trouver une sorte de conciliation entre elles.
Passé le chamboulement du changement, une phase de rééquilibrage se crée avec plus ou moins de conscience.
Plus on se sent en harmonie, en joie, et plus il y a de chances que nos différentes identités aient pris leur place de manière équilibrée.
Lorsque les identités sont en conflit on peut se sentir en tension, tiraillé ou morcelé. C’est donc un signal à écouter.
Si l’équilibre ne se trouve pas naturellement, faire le point sur celui-ci peut permettre de l’harmoniser davantage. De petits exercices simples à faire seul ou en couple peuvent par exemple être d’un grand soutien.
- Il est également important de vivre avec le plus de souplesse possible la place que l’on octroie à chacun de ces rôles au fil des évènements de vie.
Pour conclure …
Ce qu’il faut retenir, c’est que la mécanisme de notre « soi » demeure dynamique et vivant.
Tenir compte et accepter ce mouvement perpétuel de nos multiples identités, aide profondément à prévenir et/ou guérir l’épuisement.
J’espère que cet article aura pu contribuer à la compréhension de certaines tensions ressenties au cours de nos vies.
Je reste disponible pour en échanger avec vous 😉
N’hésitez pas à laisser vos réactions et questions juste en dessous !
Au plaisir de vous lire !
Merci beaucoup pour cet article très intéressant ! !
Bonjour GM merci à toi pour ton commentaire. Je suis très heureuse que l’article te plaise. Cela est très encourageant pour moi à poursuivre mes publications !