Sous les arbres
C’est drôle comme certains articles peuvent susciter de vives réactions. Celui sur les réseaux sociaux et la manière de s’en protéger m’a permis de constater que certaines personnes avaient des manières très précises de trouver leur ressourcement. Notamment par le biais des balades en forêt ou du contact plus large avec la nature.
Comme chacun est sensible à différents environnements et différentes approches, je vous parle aujourd’hui du recours à la nature et plus précisément de l’impact que la forêt et/ou les arbres apportent à notre santé mentale.
Comment vous sentez-vous pendant une balade en forêt ?
Cet article fait partie du carnaval d’articles sur le sujet « Pourquoi la Nature nous fait du bien ? » organisé par Paule du Blog Plus de vert less béton dont j’apprécie les aspirations. Si vous ne le connaissez pas, je vous propose d’aller lire cet article sur les jardins thérapeutiques et sa capacité à susciter l’expression.
A chacun son paradis
Mon article s’inscrit complètement dans mon intuition de thérapeute qui place la nature au centre des principales sources de force pour l’être humain, tout en respectant que certains d’entre nous puissent avoir « une sainte horreur » ou autre aversion pour cet environnement. Chacun est différent et vit actuellement des expériences singulières, une raison parmi d’autre de respecter les sensibilités de chacun.
Cela étant dit, nous verrons dans un premier temps de quelles manières les études scientifiques vont en faveur de l’utilisation des « espaces verts » pour le soin en santé mentale. Ensuite je vous propose un rapide regard sur les courants préconisant la verdure et le lien qui existe entre nature et ressourcement émotionnel. Pour terminer, je vous présenterai une technique à utiliser « in situ ».
La forêt, un retour aux racines
Je suis (bien) tombée sur la revue Hors série « santé publique » de 2019 qui retraçait l’histoire et l’intérêt de la forêt pour notre santé physique et psychique (voir bibliographie).
Elle est composée d’un ensemble d’articles très complets sur les différents domaines touchant à l’espace forestier (observation des forestiers, avis et études en immunologie, géographie, sociologie, biologie, ect.). Je vous encourage à en prendre connaissance pour plus de précision.
Selon les auteurs, le retour à l’engouement pour les forêts remonterait seulement aux années 80.
C’est à cette période que Georges Plaisance a publié son ouvrage sur la Sylvothérapie « Forêt et santé » et que les japonnais ont commencé à développer et préconiser leur célèbre et médiatique « bains de forêt » ou » Shirin Yoku ». Nous y reviendrons dans un prochain article.
Toutefois, on retrouvait déjà à la période de l’Antiquité, dans des écrits de médecine, l’évocation de l’utilisation des produits de la nature, et notamment de l’arbre pour leur vertu « soignante » de certaines affections.
Depuis les années 80, la diffusion de ces bienfaits augmente de manière inégale en fonction des pays … alors, par exemple, que l’administration Écossaise semble pionnière en Europe, et il faut admettre que la France est à la traine.
Malgré les convergences d’observation de ces influences bénéfiques, nous restons à l’écart, à la fois dans nos choix politiques en faveur de l’utilisation de ces espaces comme éléments de santé publique, mais également vis à vis du trop petit nombre d’études et de recherches sur le sujet.
Malgré tout l’engouement pour les forêts et leur impact sur la santé continue de croître, d’autant plus depuis les années 2000.
Nature forestière et santé mentale
Les études françaises et plusieurs études regroupant un très grand nombre de recherches différentes de part le monde convergent vers des effets positifs de l’environnement forestier sur plusieurs aspects de la santé mentale. Toutefois, ces études manquent parfois de précisions et ont quelques lacunes méthodologiques qui n’ont pas permis de conclusions générales claires.
Comme pour de nombreux autres sujets dans le domaine des sciences, cette approche encore « jeune » en Europe pourra être d’avantage étudiée par la suite, afin de rendre des conclusions et donc des fondements plus accessibles à l’ensemble de la population.
Convergence des études
Malgré ces lacunes, voici les bénéfices qui ont été mis en lumière par les études déjà existantes, en Angleterre, au Canada, au Japon, et dans bien d’autres pays encore (voir bibliographie):
Les espaces arborés, bois et forêts, permettraient de susciter chez les êtres humains:
- un bien être physique (en favorisant le mouvement et l’action tel que le fait de se promener) mais aussi par la respiration simple des éléments présents en forêt;
- une possibilité de récupération mentale (activités de relaxation ou de loisirs) et possibilité d’activités de pleine conscience;
- un ressenti de liberté ou l’impression de parvenir à s’échapper du quotidien (par le fait de sortir de son environnement habituel et d’effectuer des activités différentes);
- la possibilité de renforcer ses relations sociales (par le partage d’activité en forêt) ou de faire de nouvelles rencontres.
Forêt, l’impact sur notre corps et notre mental
L’environnement forestier (arbre, bois et forêt) agiraient de manière significative sur:
- la baisse de notre niveau de stress;
- une baisse du niveau d’anxiété;
- une amélioration de l’humeur;
- une meilleure capacité à maintenir notre attention (« attention dirigée »).
Les espaces verts et les forêts sont des espaces préconisés pour l’utilisation d’interventions thérapeutiques, par exemple pour le traitement de maladie chronique ou de cancer. Elles sembleraient plus efficaces dans cet environnement que lorsqu’elles sont pratiquées en milieu « hors nature ».
Plusieurs de ces études ont d’ailleurs mis en lumière que cette utilisation des forêts permet une amélioration de l’activité de notre système parasympathique qui, comme nous l’avions vu dans l’article sur la respiration, est crucial pour notre récupération et notre restauration psychophysiologique.
Aviez-vous déjà pensé à faire une promenade dans la nature pour vous ressourcer ?
Forêt et fatigue émotionnelle
Bien que des études complémentaires sont donc à prévoir pour plus de clarté (savoir combien de temps fréquenter le lieu, l’incidence de telles ou telles activités particulières, la qualité de l’endroit, etc…) toutes ces études mettent en lumière que ces espaces arborés sont bénéfiques pour la santé mentale.
Même si nous ne savons pas encore précisément à quelle dose et de quelle manière utiliser cet environnement, il demeure un espace de choix pour favoriser notre ressourcement.
Son effet sur le stress et l’anxiété ne laisse pas indifférent mon radar à techniques « ressourçantes » … et notamment pour les personnes connaissant une fatigue émotionnelle.
Comme nous l’avions lu dans les études sur les bienfaits des activités physiques, si l’on couple l’activité physique à l’environnement forestier (ou arboré) type bois ou campagne, je pense que ce duo est gagnant pour le soin de notre fatigue émotionnelle.
Et si l’on ajoute de la pleine conscience en plus ? Le top pour notre corps et notre esprit 🙂
C’est la raison pour laquelle j’ai choisi une technique de référence, accessible et sans effet secondaire qui mêle ces trois aspects. On essaie ? 😉
A vous de jouer !
Je vous propose de découvrir cette semaine: une marche méditative de pleine conscience. Ne fuyez pas si ce nom vous paraît un peu « perché ». En fait il n’y a rien de plus « nature » ! Rien de sorcier ou d’extravagant.
Vous pouvez la pratiquer en forêt, toutefois si vous êtes en ville et sans moyen de vous en éloigner, un parc ou un jardin fera parfaitement l’affaire !
J’ai trouvé cette technique dans le petit cahier d’Elisabeth Couzon « Commencez à méditer » (lien en bas d’article). L’auteure est psychologue clinicienne, formatrice et spécialiste de la gestion du stress et des émotions.
Je crois donc que son approche répond tout à fait à notre recherche. Pour retrouver l’ensemble de la technique je vous propose de vous référer à son livre. Toutefois je vous transmets ici ma manière de me l’approprier.
Dans la marche méditative de pleine conscience, le seul objectif est d’être dans l’expérience d’une marche sans avoir de focalisation sur la destination.
Votre marche parmi les arbres
Marchez lentement et déposez votre attention, avec légèreté, sur vos ressentis dans vos articulations et dans vos muscles. Ressentez vos pieds, vos jambes et observez mentalement les endroits de votre corps que le mouvement mobilise durant cette marche.
- Commencez votre promenade lentement ! C’est important avant de pouvoir se prêter à une marche plus rapide. Car la lenteur de votre marche permettra à votre attention de s’entraîner à être présente et de qualité.
Songez à trouver, pendant votre marche, une position qui vous soit confortable (pour vos bras comme pour tout votre corps).
- Commencez par une courte durée ! Elisabeth Couzon nous propose avant tout de commencer par une marche courte entre 5 et 10 minutes et d’en augmenter le temps au fur et à mesure de notre expérience.
- Amener votre attention sur notre respiration, c’est peut être ce qui vous sera le plus facile au début (surtout si vous connaissez déjà l’exercice de respiration abdominal).
Vous pouvez de cette façon continuer à marcher lentement en observant mentalement chaque partie de votre corps en commençant par les pieds puis en remontant vers les chevilles, les mollets, les genoux, etc.…
- Portez votre attention sur le mouvement puis également sur votre équilibre et sur votre rythme de marche. Sans vous juger, juste en constatant.
L’intention est importante
La marche méditative permet d’explorer ce ressenti du mouvement « en accueillant ce qui est dans une curiosité bienveillante » comme le précise l’auteure.
Je rajouterais qu’il peut être bon aussi d’observer, selon l’endroit où vous vous trouvez: le ressenti du sol sous vos pieds, le bruit des feuilles ou de la terre, écoutez le bruit des animaux, le chant des oiseaux, observer leurs mouvements autour de vous.
Comment vous sentez-vous ? Comment trouvez-vous ce paysage ? Avez-vous le sentiment d’être relié à cette nature ?
N’hésitez pas à utiliser la partie commentaire sous l’article pour me faire part de vos réactions et questionnements.
En attendant je vous souhaite une belle semaine et vous dis à très bientôt !!!
Ressources et bibliographie: « Commencer à méditer, découvrir la plaine conscience » dans les cahiers bien dans ma vie, par Elisabeth Couzon; « Forêt et santé, guide pratique de Sylvothérapie » par Georges Plaisance; Revue Santé Publique, s1(HS), 2019, CAIRN.
Articles: Rugel, E. (2015). Espaces verts et santé mentale: liens, répercussions et lacunes. Centre de Collaboration Nationale en Santé Environnementale du Canada. http://www. ccnse. ca/documents/evidence-review/espaces-verts-et-santé-mentaleliens-répercussions-et-lacunes; O’Brien, L., Ambrose-Oji, B. & Wheeler, B. (2019). Santé mentale et bien-être : l’apport des arbres et des forêts au bénéfice de différentes populations en Grande-Bretagne. Santé Publique, s1(HS), 163-171. doi:10.3917/spub.190.0163; Meyer-Schulz, K. & Bürger-Arndt, R. (2019). Les effets de la forêt sur la santé physique et mentale. Une revue de la littérature scientifique. Santé Publique, s1(HS), 115-134. doi:10.3917/spub.190.0115.; Barthod, C. & Zmirou-Navier, D. (2019). Un tournant dans la prise en compte des arbres et des forêts en santé publique. Santé Publique, s1(HS), 7-13. doi:10.3917/spub.190.0007.
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Merci pour cet article plein d’inspiration végétale Alicia. Le shinrin Yoku me fascine énormément, à tel point que mon blog va glisser vers un bain de vert de plus en plus fréquent.📗
La couleur verte, l’impact des fractales et les parfums de phytoncides participent également du bien être émotionnel que tu nous souhaites.
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VERT-icalement 🌳😉
Et bien merci pour ce partage de ressentis Julien ! Plus je me renseigne sur l’impact de cette généreuse nature et plus je vois la vie différemment. Je comprends tout à fait ton intérêt pour ce domaine. Au plaisir d’échanger de nouveau à ce sujet ! 🤗